Pourquoi un site internet plutôt qu’un compte Instagram ?

Comme (presque) tous et toutes les artistes drag, j’avais un compte Instagram. Plus de 4000 abonné·es. Une vitrine, une communauté, un outil de communication… et pourtant, je l’ai supprimé.

L’overdose d’algorithmes

Ces dernières années, Instagram est devenu un terrain de jeu où nous ne maîtrisons plus rien. Algorithmes changeants à une vitesse absurde, format imposé, publication à heure stratégique sous peine d’invisibilité… Adieu la spontanéité, adieu l’authenticité.

Pire encore : la promotion des événements devient une mission impossible. Instagram détecte et enterre tout ce qui ressemble de près ou de loin à une annonce commerciale. Mettez une date, un prix, un lien ? Votre post est condamné aux abysses.

Ajoutons à cela le fait que mon fil était noyé sous des contenus d’inconnu·es, reléguant au second plan les publications des artistes que j’aime et que je suis. Frustrant.

Meta, un problème plus grand que moi

Puis il y a eu LA goutte d’eau. Les nouvelles directives de Meta, une énième attaque contre la communauté LGBTQI+. Pourquoi continuer à nourrir une entreprise qui ne nous protège pas, qui nous censure et qui nous expose aux pires dangers ?

Rester pour « militer de l’intérieur » ? Très peu pour moi. C’est comme aller chez Valeurs Actuelles ou sur TPMP en espérant être écouté·e.

Et soyons honnêtes : on ignore encore ce que Zuckerberg et ses amis font de nos données personnelles… alors que les États-Unis prennent chaque jour une tournure plus inquiétante.

Être artiste performeur drag en 2025 sans réseaux sociaux, mission impossible ?

Alors, concrètement, comment ça se passe sans Instagram ?

Eh bien, j’arrive toujours à ramener du monde quand je suis bookée. Mais la visibilité et les opportunités professionnelles sont clairement plus compliquées à obtenir. Aujourd’hui, si quelqu’un cherche un·e artiste drag sans connaître la scène, il ou elle cherche sur Instagram.

Il faut donc réapprendre à communiquer, autrement. Avec des outils qui demandent plus d’effort, mais que je trouve plus efficaces, fiables et moins fatiguant :

  • Créer une newsletter mensuelle : récolter les emails après les shows et fidéliser mon public.
  • Distribuer des flyers : dans les bars, les autres shows drags, les lieux LGBTQI+.
  • Affiches  : sur les murs, à l’ancienne.

(Mes prochains goodies ? Des badges avec un QR code intégré pour accéder à mon site 😉)

Sortir de l’ombre : un vrai défi

Le vrai problème, c’est le manque de référencement des événements drag. Une recherche Google ne donne aucune info sur les shows locaux. Et sans Instagram, impossible d’avoir une vue d’ensemble sur ce qui se passe dans ma propre ville.

Heureusement, le bouche-à-oreille LGBTQI+ fonctionne encore. Quand on se croise, on se parle, on échange, on se soutient.

Mais côté opportunités artistiques, c’est une autre histoire… Moins de bookeur·ses me trouvent, donc moins de propositions.

Alors, comment exister sans céder au diktat d’Instagram ? Si vous avez des idées, je prends !